Faire connaître la Turquie et ses habitants avec les yeux d'une alsacienne qui y vit depuis 20 ans.

Du bretzel au simit

Le culte du chat à Istanbul

Article publié sur le petitjournal.com d'Istanbul le 11 mai 2020

Difficile de ne pas aimer les chats lorsqu'on décide d'habiter à Istanbul, ce félin règne véritablement en maître ici ! Il est partout, trônant sur le capot d'une voiture, étalé devant une boucherie ou une librairie, parfois derrière la vitrine, attirant ainsi le regard bien plus efficacement que n’importe quelle publicité !

Le culte du chat à Istanbul
Le culte du chat à Istanbul
On trouve des chats partout à Istanbul ...

On trouve des chats partout à Istanbul ...

Le culte du chat ne date pas d'aujourd'hui ; le magnifique angora à poils long, originaire de la ville d'Ankara, existait déjà au XVIème siècle, période où il a été introduit en Europe.

Les chats, eux, tirent profit de leur association avec l’Islam en Turquie. Comme le dit un dicton populaire : "Si vous avez tué un chat, il vous faut construire une mosquée pour être pardonné par Dieu".

Un chat parmi d'autres au cimetière d'Eyüp/Istanbul

Si l’Occident pensait que le Diable était incarné en chat noir, ce n’a pas été le cas chez les musulmans pour qui le chat était un animal respectable qui gardait la maison, qu’il soit noir ou d’autres couleurs.

Dans les contes de l’Islam est évoqué ce chat qui attaque un serpent venimeux en train de s’approcher du prophète Mahomet. Dans un autre récit, le Prophète trouve son chat endormi sur sa veste. Plutôt que de déranger l’animal, il découpe la portion de la veste sur laquelle il dormait pour l’enfiler sans le réveiller...

Chat coiffeur à Istanbul

Chats d'IstanbulChats d'Istanbul

Chats d'Istanbul

Au Maghreb,  c’est le chien noir qui porte malheur ; d’ailleurs, le chien reste à l’extérieur des maisons alors que le chat même noir y est un hôte privilégié.

Le célèbre écrivain Pierre Loti, un fervent admirateur de la Turquie et des chats, avait, dit-on, peur des chats noirs et aurait refusé de dormir sous le même toit que l’un d’entre eux ; cependant, lui aussi est tombé sous le charme maléfique des chats noirs car il s’est attaché à l’un d’eux qu’il a d’ailleurs ramené d’Istanbul sur le contre-torpilleur “Vautour” jusqu’à Rochefort, dans sa maison. C’était un magnifique chat angora noir qu’il a adopté et nommé Pamouk et avec lequel il a posé pour une photo.

Derrière de nombreuses fenêtres d'Istanbul, se profile l'ombre d'un chat noir...

Quand le président américain Barack Obama a visité Sainte-Sophie à Istanbul en 2009, il s’est arrêté pour caresser l’un des nombreux chats installés à demeure dans l’église-mosquée byzantine, déclenchant le sourire de son compagnon de visite, Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre turc. Le chat, lui, ne s’est pas laissé impressionner par l’attention du visiteur de marque, sachant bien qui était le maître des lieux…

Gli, la reine de Sainte-Sophie/Istanbul

Gli, la star de Sainte-Sophie à IstanbulGli, la star de Sainte-Sophie à Istanbul

Gli, la star de Sainte-Sophie à Istanbul

A l’occasion du championnat du monde de basket qui s’est tenu en 2010 en Turquie, la mascotte était un certain Bascat, chat blanc aux yeux vairons, l’un bleu, l’autre vert, comme cette étrange race féline originaire de Van, dans l’est de la Turquie.

Automne 2010, des chats géants se promènent dans les rues d'Istanbul dans le cadre du projet İKEDİ intégré

dans iDANS, le Festival International de danse contemporaine

Les chats sont assurément chez eux à Istanbul. Habitant les rues, ils déambulent en habitués dans nombre des somptueuses mosquées de l’ancienne capitale ottomane, gèrent une ou deux universités, font la loi dans plusieurs musées et salles de concerts... Ils sont approvisionnés en eau et en vivres par nombre de mains inconnues qui déposent leurs offrandes sur les trottoirs et dans les recoins. Même les mairies d'arrondissement s’y sont mises ces dernières années en installant des abris à chats dans de nombreux lieux.

En haut le chat de CRR, grande salle de spectacles municipale d'Istanbul et en bas des logis à chats dans le quartier de Cihangir/Istanbul
En haut le chat de CRR, grande salle de spectacles municipale d'Istanbul et en bas des logis à chats dans le quartier de Cihangir/Istanbul

En haut le chat de CRR, grande salle de spectacles municipale d'Istanbul et en bas des logis à chats dans le quartier de Cihangir/Istanbul

La Turquie a, par ailleurs, adopté en 2004 une loi sur la protection des animaux, la politique officielle étant d’attraper, stériliser et relâcher ou faire adopter les animaux errants.

Dans l’Université du Bosphore perchée sur une colline surplombant le magique détroit, matous et minets rôdent en toute tranquillité dans les classes. La réputation de l’établissement est si bien établie que les gens y amènent les chats dont ils ne veulent pas, sachant qu’ils y seront bien traités.

Des "métiers" divers et variés pour les chats d'Istanbul...Des "métiers" divers et variés pour les chats d'Istanbul...

Des "métiers" divers et variés pour les chats d'Istanbul...

Cihangir à Istanbul, le quartier des chats par excellence - photo de 2010

Cihangir à Istanbul, le quartier des chats par excellence - photo de 2010

Sündüs Ulaman, maire du quartier de Cihangir/Istanbul dans son bureau (2010)

Sündüs Ulaman, maire du quartier de Cihangir/Istanbul dans son bureau (2010)

Cette pléthore de chats stambouliotes avait déjà impressionné Sir Evelyn Wrench, rédacteur en chef du magazine britannique "The Spectator" : "Dans chaque ruelle, vous rencontrez les chats, des vieux chats émaciés, des chats borgnes, des chatons trébuchant d’un pas incertain, des chats avec des maladies de peau, des chats se grattant sans arrêt, des chats morts écrasés sur la route", écrivait-il en 1935.

Lorsqu'un chat croise un rat dans les rues de Balat/Istanbul...Lorsqu'un chat croise un rat dans les rues de Balat/Istanbul...

Lorsqu'un chat croise un rat dans les rues de Balat/Istanbul...

La croissance exponentielle et chaotique de la ville rendit Istanbul moins accueillante aux chats errants, mais des poches de tranquillité demeurent, où se perpétue la tradition de prendre soin des chats, une option qui a la faveur des Turcs, car elle permet d’éviter les inconvénients d’un animal à demeure.

Cool, la vie de chat à Büyükada (îles aux Princes/Istanbul)

A droite, parfois chien et chat font bon ménageA droite, parfois chien et chat font bon ménage

A droite, parfois chien et chat font bon ménage

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
J
Merci pour ce magnifique article! J'ai eu l'occasion de vérifier par moi meme l'amour pour ces animaux à Istanbul. J'en avais fait un petit article....il y a longtemps!!! Je partage ton article et je me ré-inscris à ton blog! Bonne fin de journée
Répondre
N
Bienvenue à nouveau Jacqueline, cela me fait plaisir de te compter à nouveau parmi nous ! Bien à toi.
P
superbe série j'apprécie cordialement
Répondre
G
Merci pour ce chouette article qui revient sur des évènements et faits d'histoires intéressants...
Répondre
N
Très bel article, les photos sont drôles et magnifiques
Répondre
N
Merci Nermine !