Faire connaître la Turquie et ses habitants avec les yeux d'une alsacienne qui y vit depuis 21 ans.
13 Novembre 2023
Article publié dans la lettre aux abonnés de novembre 2023 de la revue Le Monde de la Bible
La civilisation hittite, comprenant à la fois des indigènes et des populations ayant adopté le langage indo-européen, est apparue au IIème millénaire av. J.-C. Peu connue du grand public, son nom provient de Hatti, son royaume installé autour de sa capitale Hattuşa. Fondée par le roi Hattusilis 1er, Hattuşa était la capitale de l'empire hittite qui régnait sur une grande partie de l'Anatolie - et occasionnellement sur la région s'étendant jusqu'au nord de la Syrie - entre environ 1650/1600 av. J.-C. et 1200 av. J.-C.
Un des plus grands sites urbains antiques au monde
La plupart des vestiges visibles aujourd’hui, notamment les murs de la ville, les portes, les ruines des temples et des palais datent du 13ème siècle av. J.-C, lorsque la cité était à son apogée. Elle fut ensuite abandonnée à la fin de l’empire hittite mais retrouva un sursaut de gloire lorsque les Phrygiens s’y installèrent entre le 9ème et le 7ème siècle av. J.-C. Puis, elle fut habitée et occupée de façon conjecturale avant de se retrouver désertée.
Site de Hattuşa
Les restes de la capitale, érigée sur un relief accidenté et d’un dénivelé de 280 m, sont disséminés sur près de 180 hectares de superficie, constituant ainsi un des plus grands sites urbains antiques de par le monde. Deux parties, la ville basse - la plus ancienne - et la ville haute, composent le tout. Pas moins de 6 km de remparts, dont certains ont perduré jusqu’à nos jours, protégeaient Hattuşa.
Les Hittites étaient réputés pour leur intelligence et leurs capacités surtout en tant que bâtisseurs et défenseurs très efficaces, le relief tel que celui où ils s’installèrent n’étant pas un handicap en soi.
Un temple dédié à Teshub et à Hepatu-Arinna et une mystérieuse pierre verte
La ville possédait pas moins de 7 temples dont celui appelé Grand Temple, situé sur la droite après l’entrée au site et plus vaste complexe immobilier de la cité avec une superficie de 14 500 m2. Sa date de construction est inconnue, aucune inscription n’ayant été trouvée, mais il est certain que le temple était utilisé pendant les périodes avancées du grand royaume hittite.
Ce monumental ensemble, dédié à Teshub, le dieu de l'orage et à Hepatu-Arinna, la déesse du soleil, comprenait notamment plusieurs salles vouées au culte, mais aussi des magasins, au vu de son rôle également économique.
Une magnifique pierre verte lisse attire le regard. Elle n’a pas été importée d’Égypte et n’est pas non plus une météorite. Elle aurait peut-être joué un rôle dans le culte hittite mais quant à savoir lequel exactement, le mystère demeure. Bien que les pierres sacrées soient fréquemment mentionnées dans les sources écrites hittites, il n’est pas indiqué qu’elles soient de couleur verte.
La pierre verte du Grand Temple, Hattuşa
Ce bloc, traité à partir d'une roche de type néphrite qui existe dans la nature autour de Hattuşa, ne se trouve pas à sa place d’origine. Un deuxième bloc de pierre verte, plus petit et moins bien travaillé, a été découvert dans une structure proche du temple n°5 situé dans la ville haute.
Les traces d’un rayonnement passé
Visiter Hattuşa permet également d’admirer les magnifiques entrées des portes de la ville. Trois sur 6 ont survécu, celle du lion avec ses superbes sculptures, celles du roi et des sphinx, et leur beauté donne un aperçu du rayonnant passé.
La porte du lion, Hattuşa
Plus de 30 000 tablettes, écrites pour certaines en écriture cunéiforme - l’écriture des Assyriens - et pour d’autres en hiéroglyphes, furent découvertes dans la grande forteresse - Büyükkale - d’Hattuşa. Elles permirent d’en savoir plus quant aux rois qui y ont régné, les différentes batailles qui y firent rage ou encore la législation mise en œuvre par les souverains.
Il est difficile de résumer en quelques phrases l’ensemble des traces observables lors de la découverte de ce site qui dégage une ambiance mystique particulièrement propice à la méditation, voire même à tenter de plonger dans le passé de cette civilisation.