Faire connaître la Turquie et ses habitants avec les yeux d'une alsacienne qui y vit depuis 20 ans.

Du bretzel au simit

Halfeti sur les rives de l’Euphrate et ses villages alentour engloutis

Article publié dans le journal "Aujourd'hui la Turquie" de juin 2008


Dans le cadre du projet GAP (
programme Anatolie du Sud-Est), un barrage a été construit en 2000 à Birecik, dans le sud-est de la Turquie.

 

La petite ville d’Halfeti, située à une quarantaine de kilomètres au nord de Birecik, ainsi que les 39 villages situés aux alentours ont été partiellement engloutis.

 

Ce coin de pays, réputé pour sa faune (les ibis chauves, les tortues, les nombreuses espèces d’oiseaux), n’en garde pas moins son charme, presque accentué par sa nouvelle situation.

   

  Halfeti--331-copy-copie-1.jpg

 

Le fleuve mythique, tout d’abord, dont la couleur turquoise donne déjà le ton des petites merveilles qu’on trouve sur ses rives. Lorsqu’on arrive de Birecik et qu’on traverse le nouvel Halfeti construit pour y loger la plupart des habitants, on ne peut s’imaginer qu’à 10 kms de là, accrochée au bord de l’eau, entourant sa mosquée aux fondations immergées, l’ancienne cité d’Halfeti a retrouvé la vie grâce aux touristes.

 

De jolis petits coins ombragés le long de l’Euphrate invitent à la tranquillité, à siroter un thé ou se rassasier l’estomac avant la promenade. 

 

   Halfeti-copy-copie-1.jpg

Autrefois, ses jardins luxuriants situés le long du fleuve, aujourd’hui, ses bateaux à moteur amarrés attendent les visiteurs pour découvrir Rumkale et Savaşhan.

 

Pour découvrir ces horizons particuliers, un tout petit bonhomme, la figure d’Halfeti, « capitaine Mehmet Siyahgül », la rose noire ! Un tempérament ravageur, un enthousiasme débordant et son bateau qui peut accueillir jusqu’à 25 personnes.

 

                       Capitaine-Mehmet-copy-copie-1.jpg

 

Rumkale tout d’abord, imposante citadelle située à une demi-heure de route en bateau d’Halfeti, d’une superficie de 3500 m2. Construite en 885 avant J.C. par le roi assyrien Salmaneser III, son emplacement stratégique sur un des endroits les plus élevés du coin lui permis d’être un point de contrôle majeur. Une halte permet de découvrir ce site, d’y errer en admirant la nature aux alentours.

 

   Rumkale-copy-copie-1.jpg


De ci, de là, de petites cavernes, en fait d’anciennes maisons troglodytiques, éparpillées au hasard des rochers.

 

Un peu plus au nord, sur la rive opposée, se trouve le village-fantôme de Savaşhan. Des maisons abandonnées, une végétation qui envahit petit à petit les ruelles escarpées, sa mosquée surtout dont le minaret pointe son nez hors de l’eau.

 

 

  Savashan-copy-copie-1.jpg

 

C’est ce qu’on voit en premier, l’image qui surprend, inhabituelle ! 400 habitants avant le barrage, à présent un irréductible qui vit là toute l’année avec son chien et son âne et deux familles qui reviennent seulement passer les mois d’été dans ce lieu uniquement accessible en bateau.

 

  Le-minaret-de-Savashan-copy-copie-1.jpg

 

                          Le-nez-en-dehors-de-l-eau-copy-copie-1.jpg

 

                    Le-seul-habitant-de-Savashani-copy-copie-1.jpg 
                                         Le seul habitant de Savaşhan

On y trouve les traces de l’ancienne église arménienne Arslan ainsi que celles de quelques tombes toutes proches. Des petites constructions de pierre aux formes cubiques, dont les portes ou les fenêtres ouvertes laissent entrevoir les traces de vie d’avant, des plafonds décorés par des rondins de bois, on retient son souffle et on laisse aller son imagination.

 

                   L-ancienne-eglise-armenienne-de-Savashani-copy.jpg

                                     Les vestiges de l'église arménienne
 

Bien au sud d’Halfeti, à plus d’une heure de bateau, un village méconnu des touristes et qui ne figure pas sur les cartes, Gümüşkaya köyü. Il faut d’abord dépasser des villages minuscules de chaque côté, abandonnés eux aussi, avant d’apercevoir, cachés dans une petite baie du fleuve, les premières maisons et un minaret.  Ce n’est qu’en avançant encore qu’on découvre que celui-ci aussi sort de l’eau.

 

   Gumuskaya-koyu-en-noir-copy.jpg

 

Pas sur les rives comme à Savaşhan, mais bien au milieu, élancé, fier, majestueux ! C’est un moment d’émotion intense qui vous y attend, qui donne le frisson. Plus d’appel à la prière,  le temps s’y est arrêté !

 

Là aussi, quelques rares habitants n’ont pas voulu quitter leur village, se raccrochent à leur passé… Les maisons y sont peu nombreuses, semées tout autour de la minuscule colline.


                       
Le-minaret-de-Gumu-kaya-copy.jpg        

Mais il faut repartir, laisser la mosquée engloutie à jamais, la garder dans ses souvenirs, tout comme celle de Savaşhan. Ce sont des endroits qu’on ne peut oublier, qui marquent, qui laissent une trace.

 

Au retour à Halfeti, perdez-vous dans les ruelles, admirez certaines des constructions comme cette demeure imposante, la plus vieille du village, 150 ans au compteur, dont l’architecture ne manque pas d’intérêt. Entre les maisons, l’eau turquoise de l’Euphrate est toujours présente, belle à l’œil.

 

   Plus-vieille-demeure-d-Halfeti-copy.jpg

                               Plus vieillle demeure d'Halfeti à l'architecture étonnante


Prenez le temps de vivre, de respirer. Vous pouvez loger dans un petit konak tout près du fleuve mais il n’est pas exclu que vous vous retrouviez chez l’habitant pour partager le repas, voire même y passer la nuit. L’hospitalité turque si réputée trouve là toute sa signification.

 

Pour vos promenades sur l’Euphrate à la découverte de ses nombreux trésors, prenez rendez-vous avec capitaine Mehmet au 0537 646 76 10.

 


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C
Viens sur mon blog, y'a une surprise pour toi...
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N
<br /> <br /> Chat vu, je suis la 1000ème commentatrice !!! On va fêter cela autour d'un çay ... Pour la photo, je vais t'en envoyer une !!!<br /> <br /> <br /> <br />
G
Très jolies images mais impression bizarre de se retrouver face à ces cités fantômes. On imagine une atmosphère lourde et un silence pesant. Drôle de sentiment...<br /> Comment ont réagi les habitants lorsqu'il a fallu laisser leurs maisons et leurs habitudes?
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N
<br /> L'atmosphère n'est pas lourde en fait comme j'ai pu la trouver dans d'autres villages fantômes. Le bruit des oiseaux, l'âne qu'on entend braire, les feuillages qui bruissent dans le vent.... Ah, la<br /> réaction des villageois, à présent résignés et habitués mais sans doute beaucoup de mélancolie et de peine quand il a fallu quitter les lieux à l'époque.<br /> <br /> <br />
C
Cette promenade a vraiment l'air de valoir le détour. Mention pour ta photo de la mosquée immergée avec ciel de plomb en second plan!
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N
<br /> Pour valoir le détour, elle le vaut en effet ! Ce minaret, je ne suis pas prête de l'oublier....<br /> <br /> <br />