Faire connaître la Turquie et ses habitants avec les yeux d'une alsacienne qui y vit depuis 20 ans.
17 Janvier 2008
A l'est de la Turquie, sur la route de la Soie, à environ 35 km de la frontière iranienne et à plus de 2000 m d'altitude, dans un décor aride mais somptueux, se trouve un palais digne des plus beaux contes de fées, celui d'Ishak Paşa.
Ce lieu que l'on voit souvent sur des posters faisait partie de la liste des endroits que je souhaitais voir au plus vite et je n'ai guère été déçue.
Ce palais a été construit par un gouverneur kurde à la fin du XVIIème siècle à la sortie de la ville de Doğubayazit. C'est tout d'abord le paysage qui m'a impressionné, un dépouillement somptueux, des montagnes rocheuses, des couleurs roses, vertes, brunes, beiges et jaunes qui apparaissent çà et là. Et un peu plus loin, sorti de la brume, le sommet du Mont Ararat qui culmine à 5137 m d'altitude.
Paysage environnant
Le Mont Ararat
La construction du palais a commencé en 1685 par Çolak Abdi Paşa. Il porte toutefois le nom de son fils Ishak Paşa, gouverneur local ottoman, qui a achevé la réalisation de ce lieu digne des plus beaux contes de fées, presque 100 ans après le début des travaux.
L'architecture de ce bijou est en fait un mélange de plusieurs types : seldjoukide, ottoman, géorgien, perse et arménien.
Le palais
L'impressionnant portail délicatement ouvragé s'ouvre devant le visiteur qui pénètre d'abord dans une vaste cour qui servait aux caravanes acheminant les biens destinés au palais.
L'entrée
Le portail d'entrée et un détail
Il est impossible d'accéder aux 366 pièces dont 24 étaient destinées au harem qui composent les 7600 m2 de l'ensemble. Certaines portes étaient tapissées de plaques d'or. Celles-ci ont été volées par les Russes en 1917 et trônent à présent au musée de l'Ermitage à Saint-Petersbourg.
Une des cours intérieures qui donne sur la mosquée devant laquelle se trouve
un petit türbe finement décoré
Quelques détails
La visite est libre et permet de s'attarder, d'admirer chaque coin et recoin, l'architecture particulièrement délicate.
Le palais était équipé de l'eau courante, du chauffage central, d'un système d'évacuation des eaux usées, quel modernisme pour ce lieu perdu en pleine montagne !
Des portes toutes délicatement ouvragées, une plus belle que l'autre
L'extraordinaire salle à manger du haremlik, mélange de styles : seldjoukide pour les murs,
arménien pour les bas-reliefs et géorgien pour les chapiteaux
A l'extérieur du palais, on s'attarde à admirer une mosquée en ruine du début du XVIème siècle, les vestiges d'une forteresse de l'époque ourartéenne (XIIIème - XIVème av. J-C.)
A l'arrière-plan, l'ancienne mosquée et plus haut la forteresse
Les chèvres qui dévalent les pentes autour du palais ont bien voulu poser pour la postérité.