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Du bretzel au simit

Picasso, l’invité de marque du centre d’art Arkas à Izmir

Article publié sur http://www.lepetitjournal.com d'Istanbul le 28 octobre 2019

Depuis le 18 septembre 2019, Picasso est l’invité de marque du Centre d’art Arkas installé depuis huit ans dans la partie donnant sur la mer du superbe bâtiment historique du Consulat Honoraire de France d’Izmir.

Pas moins de 62 oeuvres, prêtées essentiellement par le Musée national Picasso-Paris dans le cadre de l'exposition “Picasso - Les arts du spectacle”, ont pris place sur deux étages. 

Pablo Picasso, Le Matador, huile sur toile, Mougins 4 octobre 1970, Musée national Picasso-Paris - Exposition Picasso - Les arts du spectacle, Centre d'art Arkas Izmir

Les supports des oeuvres présentées sont aussi variés que les talents du maître  : peintures certes mais aussi costumes, décor de scène, lithographies, dessins, linoléum imprimé... voisinent avec des notes et textes rédigés de sa main, des photos témoignant de son goût pour le déguisement, des projections d’extraits des ballets pour lesquels il a travaillé...

Pablo Picasso, Le cirque, encre sur papier lithographique, décalqué sur pierre, IIème état - Epreuve d'artiste tirée par Fernand Mourlot, Paris  1945, Musée national Picasso-Paris - Exposition "Picasso Les arts du spectacle", Centre d'art Arkas Izmir

 Pablo Picasso, Arlequin dansant, linoléum imprimé découpé, vers 1950, Musée national Picasso-Paris, Exposition "Picasso Les arts du spectacle", Centre d'art Arkas Izmir

 

Picasso porte un intérêt particulier aux spectacles, tant à la corrida dès son enfance, qu’au cirque, au ballet, au théâtre et à la mise en scène...de lui-même aussi. Jean-Luc Maeso, commissaire de l’exposition, a souhaité réaliser une exhibition différente de celles habituellement présentées concernant le maître du cubisme.

 

Elle permet en effet au public de découvrir un Picasso que beaucoup ne soupçonnent guère, “toute la démarche de son travail artistique qui fait connaître un Picasso émouvant, parfois facétieux, mais aussi magnifique, notamment dans le cadre de son important travail avec les Ballets Russes. En particulier, Parade, composé en 1917 par Jean Cocteau et Erik Satie, n’a pas seulement révolutionné l’esthétique du ballet mais l’art… Dans les costumes de Parade, l’artiste mêle la période cubiste, celle dite rose et le côté très classique” explique le commissaire.

Jean-Luc Maeso, commissaire de l'exposition Picasso et la scène devant un portrait de Picasso dans l'atelier du Bateau-Lavoir, Paris, 1908, Musée national Picasso-Paris - Exposition "Picasso Les arts du spectacle", Centre d'art Arkas Izmir

Outre lesdits costumes, Picasso a également conçu les décors de Parade ainsi que le rideau de scène dont une reproduction est présentée à Izmir, l’original étant exposé au musée Pompidou à Paris). En outre, l’artiste introduit dans le ballet les Managers, des personnages géants, une touche de fantaisie bien particulière !

Pablo Picasso, Personnages et copie du rideau de scène du ballet Parade, Musée national Picasso-Paris - Exposition "Picasso Les arts du spectacle", Centre d'art Arkas Izmir

Dans la salle de la corrida est notamment exposée sa fameuse tête de taureau créée à partir d'un bout de guidon et d'une selle de bicyclette ramassée sur un trottoir. A son grand ami torero Luis Miguel Dominguín, Picasso disait que s’il n’avait pas été peintre, il aurait aimé être torero…

Pablo Picasso, Corrida la mort du torero, huile sur bois, Musée national Picasso-Paris - Exposition "Picasso Les arts du spectacle", Centre d'art Arkas Izmir

Tête de taureau, selle et guidon (cuir et métal), Paris printemps 1942, Musée national Picasso-Paris - Exposition "Picasso Les arts du spectacle", Centre d'art Arkas Izmir

 

Avant de poursuivre la visite à l’étage supérieur, une grande photographie accrochée en haut de l’escalier évoque la répétition de la farce surréaliste appelée “Le désir attrapé par la queue” que Picasso aurait, dit-on, écrite en 4 jours et qui évoque les sévices et privations de l’Occupation. La lecture-spectacle a lieu le 19 mars 1944 au domicile parisien de Louise et Michel Leiris par la galaxie du maître, composée entre autres  de Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, le couple Leiris, Raymond Queneau, Dora Maar devant un parterre de spectateurs d’amis intellectuels et artistes. Cette pièce sera présentée bien des années plus tard par le musée des Invalides et même adaptée pour la télévision en 1988.

Une série de photos exposée à Izmir démontre le goût de Picasso pour se mettre en scène et se déguiser, qui avec une tête de masque, qui dans un photomontage en infante Felipe Próspero, qui en “homme au mouton” avec de la terre sur le visage et bien d’autres images étonnantes.

Galerie de photos représentant des mises en scène et déguisements de Picasso, prêts Musée national Picasso-Paris pour l'exposition "Picasso Les arts du spectacle" au centre d'arts Arkas Izmir

 

Une salle est consacrée à Tricorne, autre collaboration de l’artiste avec les Ballets Russes où l’on admire les extraordinaires costumes issus de la collection de l’Opéra national de Paris, les maquettes consacrées à la réalisation desdits costumes ainsi que des extraits du ballet projetés dans la pièce voisine.

Pablo Picasso, Costumes du ballet Tricorne, prêts  de l'opéra Garnier de Paris pour l'exposition "Picasso Les arts du spectacle" au centre d'arts Arkas Izmir

 

Pablo Picasso, Projets de costume pour le ballet Tricorne (Aragonais et un voisin), gouache aquarelle et crayon graphite sur papier, Londres 1919, Musée national Picasso-Paris - Exposition "Picasso Les arts du spectacle", Centre d'art Arkas Izmir

 

Une autre salle accueille des oeuvres relatives à Pulcinella et Mercure, deux ballets pour lesquels Picasso a également créé décors, costumes, voire rideau de scène pour le second,  et à Cuadro Flamenco, une suite de danses andalouses des Ballets Russes également décorées et habillées par le maître.

 

Pablo Picasso, Etudes de costumes pour le ballet Pulcinella, Prudenza, Rozetta et Florindo avec des annotations manuscrites de noms de danseurs, Paris 1920, Musée national Picasso-Paris - Exposition "Picasso Les arts du spectacle", Centre d'art Arkas Izmir

 

Pablo Picasso, Trois études de décor pour le décor Pulcinella avec indications manuscrites sur l'éclairage, crayon graphite sur papier, Paris 1920, Musée national Picasso-Paris - Exposition "Picasso Les arts du spectacle", Centre d'art Arkas Izmir

 

La galaxie Picasso a droit à une salle à elle seule. Dora Maar, la muse de l’artiste, y est au centre, sur le tableau “Portrait de femme au chapeau bleu” avec à sa droite des oeuvres évoquant sa relation amicale composée de hauts et de bas avec Jean Cocteau qui durera  jusqu’à la mort du poète. A gauche, les visiteurs découvrent l’artiste espagnol Julio Gonzáles qui a appris la sculpture à Picasso.

Exposition Picasso - Les arts du spectacle, salle de la galaxie Picasso, centre d'arts Arkas Izmir

 

La file d'attente à l'extérieur du centre d’art Arkas donne le ton... Plus de 45 000 visiteurs de tous âges et de tous horizons ont déjà rendu visite à Pablo Picasso. Afin de pouvoir profiter dans des conditions optimales de cette présentation exceptionnelle montée dans le cadre du projet “Picasso Méditerranée” initié par le Musée national Picasso de Paris pour une durée de 3 ans et qui s’achève, seules 60 personnes peuvent franchir le seuil toutes les 40 mn.

File d'attente devant le centre d'art Arkas à Izmir pour l'exposition Picasso - Les arts du spectacle

 

Visite audioguidée de l'exposition Picasso - Les arts du spectacle au centre d'art Arkas d'Izmir

 

Des ateliers spécifiques sont organisés en parallèle pour les enfants de 5 à 10 ans avec visite guidée préalable de l’exposition, explication des histoires de certaines oeuvres, puis travaux créatifs de dessins et de peinture.

Après avoir fait plus ample connaissance avec le monde de Picasso, une visite s’impose à deux pas de là. En effet, l'Institut français d'Izmir présente, en écho à cet événement culturel de taille, une oeuvre conçue pour l'occasion par l'artiste Bernard Pras. Cinq jours de travail ont été nécessaires au plasticien français aidé de deux étudiants turcs pour créer “Dora”, une composition très originale inspirée d’un des célèbres portraits de Picasso et réalisée à partir d’objets du quotidien trouvés dans les marchés aux puces et au bazar d’Izmir.

Leyla, 8 ans, détaillant l'oeuvre Dora de Bernard Pras, Institut Français d'Izmir

 

Par le passé, Picasso a été mis à l’honneur par le musée Sakip Sabancı d’Istanbul de fin novembre 2005 à fin mars 2006 lors d’une exhibition intitulée “Picasso à Istanbul” grâce aux prêts de la collection privée du petits-fils de l’artiste préservée par la Fondation Almine et Bernard Ruiz-Picasso pour l’Art à Bruxelles.

 

Pablo Picasso, Masque de Pulcinella, bois, papier et tissu peint, Paris début 1920, Musée national Picasso-Paris - - Exposition "Picasso Les arts du spectacle", Centre d'art Arkas Izmir

 

“Picasso et la scène”, Centre d’art Arkas d’Izmir - visible jusqu’au 5 janvier 2020, les mardis, mercredis et vendredis de 10 h à 18 h, les jeudis, samedis et dimanches jusqu'à 20 h - entrée libre

Ateliers pour les enfants : samedi de 10 h à 11 h (5-7 ans) et 11 h 30 - 12 h 30 (8-10 ans) 

http://www.arkassanatmerkezi.com/Fr/

 

“Dora" de Bernard Pras - Institut Français d’Izmir - visible jusqu’au 31 décembre 2019 du lundi au samedi de 10 h à 18 h - entrée libre

https://www.ifturquie.org/fr/izmir/




 

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