Faire connaître la Turquie et ses habitants avec les yeux d'une alsacienne qui y vit depuis 20 ans.
2 Mars 2009
Je garde le souvenir d'un village ravissant et paisible, situé à une dizaine de kilomètres au nord-ouest de la ville de Konya en Anatolie Centrale. Il est de plus très facile d'accéder à Sille avec le bus 64 qui part du centre de Konya.
Sille s'étend de tout son long, coupé en deux par un ru, à sec lors de notre passage, qui traverse le bourg. Lorsque la communauté grecque était encore importante, elle occupait la partie située au sud du cours d'eau tandis que la communauté musulmane habitait celle à l'opposé.
Dans des temps fort reculés, les collines alentours abritaient également une partie de la population dans des habitations troglodytiques visibles en se promenant.
Tout en haut de la colline située sur le côté nord, se trouvent les ruines d'une petite chapelle.
Les maisons du village, faites de pavés et de torchis, ont pour beaucoup été rénovées ou sont en cours de restauration.
Une halte s'impose au Sille Konak. Ce restaurant, situé sur la rue principale,occupe une ancienne maison grecque restaurée et aménagée de façon très agréable.
Mais l'objet principal de notre visite à Sille est "Ayaelena kilisesi", l'église Sainte-Hélène, sise au bout du village.
Hormis les lundis, un employé se déplace de Konya tous les jours pour ouvrir la porte de l'église, à partir de 10 h environ, et permettre aux rares touristes, de la visiter.
Sur la façade de l'entrée, trois têtes de lions nous observent. Décidément, ces fauves ont bien un rapport quelconque avec la communauté grecque...
Sainte-Hélène, construite en 327 à la demande de l'impératrice Hélène, mère de l'empereur romain Constantin le Grand, est en fait une des plus anciennes églises anatoliennes. L'histoire dit que Mevlâna, le "père" des derviches tourneurs, s'y serait retiré.
Dans l'entrée, premières fresques et textes
Elle a fait l'objet d'une restauration totale en 1833. Les fresques visibles aujourd'hui datent des années 1880. Bien que très abîmées, elles permettent de se faire une idée de leur beauté originale.
De même, il subsiste des restes de bois ouvragés, comme ce magnifique iconostase qui séparait le lieu où siégeait le clergé des fidèles.
Détail de la partie haute de l'iconostase
L'église Sainte-Hélène a été utilisée comme mosquée de 1920 jusqu'à la fin des années 1990.
détail d'une peinture
La visite de lieux aussi splendides que celui-ci, dans des endroits reculés et méconnus du grand public, me donne toujours envie de poursuivre ces découvertes.
J'ai également une pensée amicale pour ce couple âgé adorable qui nous a accueillis dans son jardin situé tout près de l'église et avec qui nous avons fait le chemin du retour en bus jusqu'à Konya.