Faire connaître la Turquie et ses habitants avec les yeux d'une alsacienne qui y vit depuis 21 ans.
21 Janvier 2011
Une quinzaine de cimetières sont regroupés sur un espace assez restreint entre Topkapı et Silivrikapı, à l'extérieur des murs qui entourent la péninsule historique d'Istanbul.
Hormis certains de grande surface comme Kozlu, Silivrikapı et Topkapı (le plus ancien, datant des années qui ont suivi la conquête de Constantinople par Mehmet le Conquérant en mai 1453), il en est un qui ne laisse pas indifférent.
Situé à quelques pas de l'entrée du magnifique tekke - couvent - de Yekinapı qui a récemment bénéficié d'une restauration complète, le cimetière Hamuşan, et ses 791 m2, est empreint de nostalgie.
Le cimetière Havuşan près du tekke de Yenikapı
Le mot Hamuşan, d'origine perse, signifie "Ceux qui dorment, qui se sont tus". Dans la tradition mystique, notamment dans le milieu des derviches, c'est le nom qu'on donne aux cimetières.
En effet, les derviches traduisent la mort comme un mystérieux secret et utilisent l'expression "ceux qui se sont tus" pour leurs défunts.
Un sikke de derviche orne cette jolie pierre funéraire
Derrière le mur de pierre de la façade principale, réhabilité il y a peu de temps par la mairie de Zeytinburnu, des herbes folles enlacent les tombes.
En hiver ou en été, l'ambiance qui se dégage de ce minuscule cimetière se révèle très différente.
Lorsque les quelques arbres qui s'y trouvent sont dévêtus de leur ramage, on voit bien mieux certaines tombes ainsi que l'une ou l'autre inscription.
Bien au contraire, lorsque la végétation reprend ses droits, l'enchevêtrement de la verdure et des pierres apporte une touche particulière.
Les chats, gardiens des lieux, viennent se prélasser, jetant de-ci de-là un regard étonné sur ces pierres tombales.
Comment ne pas être ému, interpellé, en observant ces stèles, à la décoration particulièrement délicate, venue se jeter aux pieds d'une pierre encore en place ?
Compte tenu de l'irrégularité du terrain à l'intérieur de ce petit espace réservé à "ceux qui se sont tus", il est difficile de s'y aventurer sans risquer de se tordre la cheville.
C'est bien dommage, car il y a peut-être encore bien des pierres qui auraient des histoires à raconter...