Faire connaître la Turquie et ses habitants avec les yeux d'une alsacienne qui y vit depuis 20 ans.
26 Mars 2009
La route principale, en provenance de Mersin vers Silifke, traverse la plaine de Cilicie, ancienne province romaine située en partie dans le sud de la Turquie.
Les vestiges de cet ancien empire y sont nombreux. Au loin, les traces de cet ancien pont pourraient bien être de cette époque.
Peu après la petite ville de Limonlu, sur la droite, une petite route se dirige vers quelques villages perchés sur les hauteurs en passant devant le site d'Elaiussa, entouré d'orangers et de citronniers.
Dans le cadre de certains travaux scientifiques et de recherche, des élèves de la prestigieuse université Sapienza de Rome, fondée en 1303 par le Pape Boniface VIII, ont travaillé sur ce site composé d'une agora et d'une basilique byzantine.
Ce complexe, qui date du IIème siècle de notre ère, est probablement une agora commerciale. Celle-ci comprend un secteur ouvert avec un plan quadrangulaire entouré d'un mur constitué d'immenses blocs de calcaire.
La partie ouest de ce mur est particulièrement bien conservée et se compose de plusieurs ouvertures, pourvues de linteaux, qui menaient à des services et bureaux situés à l'arrière.
L'entrée principale de l'agora se trouvait côté est entre deux fontaines.
Une tholos, construction monumentale de forme circulaire, se trouvait en plein centre de la partie ouverte.
Durant les premières périodes byzantines (Vème siècle après Jésus-Christ), l'intérieur de l'agora a entièrement été occupée par une imposante basilique chrétienne. L'église, orientée est-ouest, était constituée d'une nef et de deux travées de colonnes. Le sol, composé de marbre et de tuiles de calcaire, formait des compositions géométriques diverses, encore bien visibles.
De nombreux tombeaux ont été déposés sous le sol, certains ayant donné lieu à des enterrements multiples... Des restes de vêtements religieux composés de fils d'or ont été trouvés sur le site, de même que des bracelets en bronze et des péronés, sortes de broches en métal.
Certains indices laissent à penser que cette basilique était liée au culture d'un martyre ou d'un saint et considéré comme un lieu de pélerinage.
Au cours du VIIème siècle, alors que l'église avait probablement déjà été abandonnée et les lieux pillés, des structures modestes ont été ajoutées, liées aux activités commerciales ou artisanales qui s'y trouvaient alors. Le complexe a finalement été totalement abandonné à la fin du même siècle. Le site a subi des dégâts lors d'un violent tremblement de terre au XIIIème siècle.
De très belles mosaïques représentant des poissons, ainsi que différentes formes géométriques, ornent le sol à certains endroits. Il est fort possible que celles-ci aient été ajoutées à un moment où les lieux servaient aussi de villa.