Faire connaître la Turquie et ses habitants avec les yeux d'une alsacienne qui y vit depuis 20 ans.

Du bretzel au simit

Rendez-vous funèbre inattendu avec l'âme de Hrant Dink

Tous les 1er novembre,  les catholiques honorent leurs saints et il est de tradition de rendre visite aux défunts dans leur dernière demeure ce jour-là, bien que la fête des morts ait lieu le 2 du mois. 

En ce jour de Toussaint, c'est dans un cimetière d'Istanbul que je vous emmène, celui-même où je me suis rendue un matin d'ensoleillé en août dernier avec mon amie Gisèle.

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                              Une allée du cimetière arménien Balıklı à Istanbul

Ce jour-là,  nous décidons d'aller à la rencontre d'une absente dont l'histoire nous a beaucoup touchées.

Un peu plus loin, le quartier de Merkez efendi, situé en bordure des murailles qui entourent la péninsule historique de la ville, abrite des cimetières de taille pour la plupart imposante où des défunts de toutes confessions reposent pour l'éternité.

Si j'ai une attirance toute particulière pour le petit cimetière Hamuşan contigu au tekke de Yenikapı, je n'avais jamais mis les pieds au Balıklı ermeni mezarlığı.

C'est en fait la vision de l'église située dans l'entrée de la nécropole qui m'amène à proposer à Gisèle d'aller voir de plus près à quoi elle ressemble, malgré le peu de temps dont nous disposons.

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                          L'église du cimetière arménien Balıklı à Istanbul

De construction récente, cet édifice religieux aux lignes contemporaines s'intègre harmonieusement dans ces lieux où la végétation luxuriante se mêle avec bonheur aux bancs sur lesquels des noms arméniens vous invitent à vous poser.

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                               Même les bancs parlent ici en arménien...

Mon regard est immédiatement attiré par une tombe peu conventionnelle qui se profile au loin,  abritant un visage taillé dans le marbre qui se dessine et semble nous chuchoter quelques mots à l'oreille "Venez, approchez-vous..." 

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Nous sommes prises toutes deux d'une vive émotion en nous approchant. Nous nous trouvons devant la tombe de Hrant Dink, ce journaliste et écrivain d'origine arménienne assassiné le 19 janvier 2007 à Istanbul devant le bureau du journal Agos dont il était le fondateur...

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                                       La tombe de Hrant Dink

Tous les ans, à la date anniversaire de sa mort, les visiteurs sont nombreux à venir rendre hommage à la mémoire de cet homme qui a consacré sa vie à défendre les droits des minorités et à représenter la communauté dont il est un des noms les plus illustres.

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                                           Hrant Dink repose là

Le jour de notre passage, personne d'autre ne se recueillait là, nous laissant ainsi seules à nos pensées, à nos émois. 

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                                    Le visage de Hrant Dink sur sa tombe

En ce 1er novembre, ce sont juste deux femmes françaises ayant épousé la nationalité turque qui ont envie, à leur façon, de se souvenir de Hrant Dink...

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L
<br /> Bonjour,<br /> Je lis votre blog très régulièrement, et j'ai écouté avec beaucoup d'intéret le récit de votre installation à Istanbul sur France Bleu Alsace. Je me demandais quelle était l'école où vous aviez<br /> pris 3 mois de cours de turc à votre arrivée ?<br /> Merci.<br /> <br /> <br />
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N
<br /> <br /> Il s'agit de l'école de langues Dilmer à Gümüşsuyu. Tömer est également une valeur sûre.<br /> <br /> <br /> <br />
H
<br /> Merci pour cet article, Le blanc reste dominant dans ce cimetière, je trouve cela apaisant (c'est bien le lieu...).<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Belle idée de promenade pour un jour de Toussaint<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Milles mercis à ces deux visiteuses de nous faire découvrir le cimetière de Balikli où mon grand-père repose. Merci de nous faire vivre la quiétude ce lieu reflet d'une communauté apaisée. J'invite<br /> tous les Hays de la diaspora à visiter les hauts lieux de l'Arménité en Turquie, de faire une introspection qui les aidera à se débarrasser de l'enfermement génocidaire que les activistes<br /> diasporiques essayent de nous confiner.<br /> <br /> Pour méditation, je reprendrais les propos de Garéguine Pasdermadjian, docteur en chimie de l’université de Genève, dirigeant de premier plan de la Fédération révolutionnaire arménienne, écrivit<br /> ainsi dans Why Armenia Should Be Free, Boston, Hairenik Press, 1918, p. 43 :<br /> « Imaginons que les Arméniens aient adopté une attitude exactement opposée à celle fut alors la leur ; en d’autres termes, imaginons qu’ils aient pris, en 1914, fait et cause pour les Allemands et<br /> les Turcs, exactement comme firent les Bulgares en 1915. Quel cours auraient pris les évènements au Proche Orient ? [...] D’abord, ces horribles massacres d’Arméniens n’auraient pas eu lieu. Tout<br /> au contraire, les Allemands et les Turcs auraient tenté de gagner les sympathies des Arméniens par tous les moyens, jusqu’à la fin de la guerre. »<br /> Pasdermadjian a si amèrement regretté cette politique du pire qu’il a sombré dans une dépression nerveuse dès la fin de 1920, avant de mourir en 1923, année du traité de Lausanne.<br /> <br /> Plus cynique, Aram Turabian, responsable du recrutement des volontaires arméniens dans la Légion étrangère, très proche de la FRA pendant la Première Guerre mondiale, écrivait dans Le Soleil du<br /> Midi du 9 février 1916 :<br /> « Les Arméniens sont les victimes volontaires de leur sympathie envers les Alliés ; en refusant le pacte des Jeunes-Turcs, et connaissant à fond le caractère sanguinaire des janissaires [sic]<br /> turcs, ils savaient très bien à quoi ils exposaient les habitants inoffensifs des régions de l’Arménie sous domination turque, mais dans l’histoire d’un peuple, il y a des moments où il est<br /> impossible de s’arrêter à mi-chemin, où il devient nécessaire de sacrifier, au besoin, une partie de la génération actuelle pour la sauvegarde de l’avenir de la race. »<br /> Activistes de la diaspora, méditez !<br /> <br /> <br />
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N
<br /> <br /> Merci Bedros...<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Une pensée particulière aujourd'hui pour tous "ceux qui se sont tus"...<br /> <br /> <br />
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