20 Avril 2009
L'église latine catholique Notre-Dame-du-Rosaire dans le quartier de Bakırköy à Istanbul avait peine à contenir hier matin, à 9 h 30, la foule venue assister à la messe pascale.
Six cents fidèles, peut-être plus, les plus chanceux assis, les autres debouts, étaient rassemblés.
Cette église a été construite, semble-t-il, au milieu du XIXème siècle mais on en ignore la date exacte. En principe destinée aux catholiques d'origine italienne, elle est également prêtée à la communauté syriaque, nombreuse à habiter les alentours.
La fresque de la Trinité qui décore le plafond de l'église
Je regrette de n'avoir pu assister à certaines cérémonies précédant le dimanche pascal, tel que le lavement des pieds à l'église Sainte-Marie à Tarlabaşı Jeudi Saint ou le chemin de croix Vendredi Saint.
Comme je l'avais signalé récemment http://dubretzelausimit.over-blog.com/article-29917388.html, lors des célébrations syriaques, les femmes sont d'un côté et les hommes de l'autre.
Une petite bougie a été remise à chacun à l'entrée, ajoutant ainsi une touche très particulière.
Les diacres étaient nombreux à encadrer le père Hanna Akgüç qui officiait pour l'occasion. Deux d'entre eux agitaient régulièrement le "marvwahto", un éventail en argent représentant un chérubin et muni de clochettes. Les bruits dégagés par les grelots sont sensés éloigner les mauvais esprits.
Un cortège fait le tour de l'église. Les servants de messe sont en tête, l'un faisant osciller l'encensoir.
C'est ensuite au tour de "Kutsal İncil", la Sainte Bible, ainsi que la croix, d'être présentées aux fidèles. Il était difficile pour le cortège de se frayer un passage dans la foule.
"Kutsal İncil"
La croix portée par le papaz Hanna Akgüç
Les mains s'avancent, se lèvent, voulant effleurer ces précieux symboles, moment d'émotion.
Comme dans toutes les messes syriaques, le choeur est formé par des jeunes filles aux cheveux couverts d'un voile blanc et dont les voix cristallines viennent adoucir le ton solennel du célébrant.
La célébration est faite en partie en syriaque, en partie en turc. Les chants, quant à eux, sont tous en syriaque.
Carnet de chants
La communion se prépare. Ce n'est pas une ostie qui représente le corps du Christ mais une espèce de brioche émiettée.
Les diacres et les membres de la chorale communient en premier.
Les fidèles se pressent pour venir communier ensuite à leur tour, et là encore, le manque de place pour circuler est manifeste.
Papaz Hanna Akgüç donnant la communion
La communion clôt la célébration et, petit à petit, l'église se vide. Tout le monde se retrouve dans la cour pour se faire l'accolade, se souhaiter une joyeuse fête.
Tout le monde reçoit en souvenir un petit paquet qui contient un oeuf cuit et peint aux tons éclatant.
Remise des oeufs-souvenirs
Encore une belle cérémonie qui s'achève. Que ce soit dimanche dernier avec les arméniens catholiques d'Istanbul ou aujourd'hui en compagnie des syriaques orthodoxes de la ville, Pâques avait vraiment des allures de fête particulières pour moi.
En quittant les lieux, j'ai découvert une pâtisserie qui vendait des spécialités pour l'occasion, tel "damlasakızlı çörek", une délicieuse brioche parsemée d'amandes effilées ainsi que du "mahlepli paskalya çöreği", autre forme de brioche.
Je n'ai pu résister à l'envie d'un petit "damlasakızlı çörek", histoire de prolonger un peu la fête...
Aujourd'hui, lundi de Pâques, les syriaques vont se retrouver au cimetière de Topkapı pour une dernière prière commune.