4 Mars 2009
Pierre Loti de son nom d'écrivain, Jules Viaud pour l'état civil, continue de faire couler beaucoup d'encre, lui qui a tant aimé la Turquie et son peuple.
Son sixième et avant-dernier séjour à Istanbul a lieu en 1910, après son admission à la retraite au début de la même année. Le 15 août, il arrive à Stamboul, cette ville qu'il a laissée derrière lui en 1903. Il séjourne d'abord chez ses amis Ostrorog à Kandilli, sur la rive asiatique du Bosphore.
Loti accueilli à sa descente de bateau
Il vient en fait pour essayer de comprendre le mystère autour de la mort de Leyla, qui se serait tuée par amour pour lui et par refus de se marier avec un autre homme qu'on veut lui imposer pour époux. Loti veut absolument se loger dans la vieille ville. Mais aucun des hôtels qu'il visite ne lui convient.
Des amis lui trouvent finalement une maison à louer qui appartient alors à Kemal bey, jeune officier de l'armée turque, dont la famille est absente pour un moment, et qui accepte de la mettre à sa disposition.
La façade rénovée de l'immeuble
Cette demeure se trouve à Çemberlitaş, au 15 de Yeniçeriler Caddesi (appelée aussi Divan Yolu), la grande avenue que tout le monde connaît à Istanbul, habitants ou touristes de quelques jours. De nos jours, le tramway venant de Sultanahmet en direction du Grand Bazar, y passe.
Pourtant, combien d'entre nous sont passés devant sans lever le nez pour y voir la plaque commémorative apposée en juillet 1920 par la mairie d'Istanbul en souvenir de l'hôte qui y a habité durant quelques mois ?
Lors de la pose de la plaque de marbre en 1920
Le confort était plus que modeste, quelques nattes sur le sol seulement. C'est avec son personnel composé d'Osman et de deux turcs à son service, connus lors de son précédent séjour, qu'il emménage là.
Cet emplacement en plein coeur de la ville lui permet de vivre comme il aime, fréquenter les mosquées environnantes à l'appel du muezzin, fumer le narguilé sur la terrasse des cafés du quartier...
Lorsque Loti doit rendre les clés de la maison au retour de l'officier et de sa famille, il séjourne un moment dans la maison de campagne du Consul de France à Ortaköy, se remettant d'une forte fièvre qui le terrasse le premier jour du Ramadan.
La maison habitée à Çemberlitaş par cet amoureux de la Turquie est la seule que l'on peut encore voir aujourd'hui à Istanbul. Elle était occupée partiellement par le restaurant-café Gazel et actuellement par le restaurant Vuslat ainsi que par des ateliers aux étages supérieurs ajoutés à la fin des années 60.
Un projet de transformation du premier étage en musée-café Pierre Loti existe. Le propriétaire du bâtiment ainsi que le directeur ont déjà été en contact, il y a un peu plus d'un an, avec la maison-musée Pierre Loti à Rochefort-sur-Mer, susceptible de leur mettre à disposition des objets habituellement visibles dans la maison de famille française de l'écrivain.
Affaire à suivre...
Note : le livre de Faruk Ersöz "A Stamboul avec Pierre Loti" m'a permis de trouver un certain nombre de renseignements concernant le séjour de 1910 évoqué dans cet article.