29 Juillet 2008
Avant de commencer la lecture de ce billet je vous propose de cliquer ici afin d'écouter la musique qui accompagne celui-ci pour être dans l'ambiance...
A 3 kilomètres à l’ouest du chef-lieu se trouve perché dans les hauteurs le petit village de Zeytinli ou Zeytinliköy (Aghii Theodori en grec), autrement dit le « village de l’olive ». Il fallait bien qu’un endroit au moins porte ce nom, compte-tenu du nombre impressionnant d’oliviers sur cette île : environ 150 000 arbres….dont certains ont près de 600 ans.
Le transport local le plus pratique
En grimpant la route sinueuse qui y mène, une église orthodoxe attire l’attention, celle de la Vierge Marie (Meryem Ana kilisesi) construite en 1775 et restaurée à l’ancienne depuis mon dernier passage il y a 3 ans.
Je me souvenais de sa blancheur qui m’avait frappé à l’époque, là ses murs sont recouverts de pierre comme les maisons traditionnelles du coin.
Mais comme ça monte difficilement, ce n’est pas le moment de s’arrêter en route… Un parking est aménagé à peine plus loin, à l’entrée du village, en contrebas de l’ancienne école primaire et … d’une autre église, celle de Saint-Georges (Aya Yorgi kilisesi) qui date de 1784 qui a également eu droit à un ravalement.
Aya Yorgi kilisesi en 2008 et en bas en août 2005
Cet établissement scolaire, dont la communauté d'origine grecque venait d'achever la construction lorsque les écoles grecques ont été interdites sur l'île, est aujourd'hui en ruine et ouvert à tous vents.
On y entre pour découvrir les salles de classe, les planchers et plafonds effondrés, un banc de classe abandonné, les tableaux encore recouverts d’écritures… autre temps !
L'ancienne école primaire de Zeytinli
La rue principale est pavée à l’ancienne et il faut faire attention de ne pas se tordre la cheville. Elle est étroite et il vaut mieux l’emprunter à pied.
La rue principale
Dans le virage, un brouhaha naît et grandit au fur et à mesure qu’on s’en approche. C’est normal car trois cafés se font face ! C’est le lieu de rassemblement tant des grecs qui habitent encore ici (environ 70 à 80) que des quelques touristes.
Là, on a presque changé de pays… on se croit vraiment en Grèce : on y boit du « dibek kave » en écoutant des airs grecs célèbres, les conversations y commencent par « Kalimera » (bonjour) ou « Kalispera » (bonsoir).
Les tenanciers sont des « figures » de Zeytinli, il y avait « madame » à présent décédée et dont le fils a repris l’affaire, le lieu de rendez-vous de la gente féminine, un couple charmant, pas tout jeune et à l’accent chantant tient le second café, le dernier est occupé par un homme un peu rustre … et où les clients se font plus rare.
Quel est donc ce café qui ressemble étrangement au café turc ? Le dibek est en fait un mortier de bois qui sert à moudre les fèves de café.
Une fois réduites en fine poudre, elles sont mélangées avec l’eau et le tout est bouilli sucré ou pas, selon la demande du consommateur.
Dans ce village, on peut aussi déguster du sakız muhallebi qui est en fait une spécialité turque….
C’est un dessert à base de lait et de gomme arabique absolument exquis qui se déguste recouvert d’un soupçon de cannelle.
Il y avait à Zeytinli deux fabriques d’huile d’olive, un moulin à eau, un autre à vent et un atelier qui produisait des tuiles.
En se promenant dans les ruelles étroites du village, nous avons découvert deux anciens lavoirs comme on en trouve partout ici. Ils sont composés de quelques bassins de pierre peu profonds où le linge était frotté, d’une fontaine où l’eau continue de couler inlassablement et d’un conduit de cheminée destiné à faire bouillir cette eau.
Le chemin qui monte après le deuxième lavoir mène vers… une 3ème église, Aya Dimitri Kilisesi, resplendissante au soleil dans sa robe blanche.
Zeytinli est l’ancien village grec qui compte encore le plus d’habitants, une petite dizaine de turcs y habite dont un peintre venu s’y installer en 1992 après avoir habité près du Bosphore… et qui m’a gentiment ouvert les portes de son jardin pour y découvrir le paysage environnant.
En 1990, sa population se montait à 155 personnes, à présent elle s’établit en-dessous de 100 durant les mois d’hiver…
Cette demeure est bien habitée
La vie est bien plus perceptible ici que dans d’autres lieux que je vous ferai découvrir les prochains jours.