1 Juin 2008
Il était grand temps hier de me rendre au musée privé Sakip Sabancı à Emirgan au bord du Bosphore pour profiter des dernières heures de l'exposition "Istanbul, Isfahan, Delhi - Trois capitales de l'art islamique - pièces majeures de la collection du Louvre".
En effet, celle-ci ferme ses portes ce soir après trois mois et demie de succès (depuis le 19 février dernier).
Le lieu de cette exposition tout d'abord, cette superbe demeure historique connue sous le nom d'Atlı Köşk (la villa au cheval) érigée sur les hauteurs d'un parc qui surplombe le Bosphore. La date de sa construction n'est pas exactement connue mais elle a été la demeure de nombreux sultans au XIXème siècle avant d'être achetée en 1951 par Haci Ömer Sabancı, riche industriel ...puis occupée par la famille Sakip Sabancı de 1970 à 1998. Depuis lors, la villa dépend de l'université Sabancı.
Le cheval de bronze sur son piédestal visible à l'entrée de la propriété est de manufacture... française.
Le musée qui a ouvert ses portes en 2002 est consacré à l'art calligraphique, aux documents religieux et d'Etat, mais aussi aux peintures de l'ère ottomane. Mais depuis fin 2005, il accueille des expositions temporaires d'une qualité exceptionnelle : tour à tour, les oeuvres de Picasso, puis de Rodin, ensuite celles de l'époque de Genghis Khan ont vu déferler des visiteurs curieux et avides de culture.
L'exposition proprement dite : Le musée Sakip Sabanci et le Musée du Louvre ont signé le 20 mars 2007 un protocole culturel et scientifique pour une coopération de 5 ans, des relations entre les deux institutions basées sur la réciprocité et le partage d'expériences.
J'aurais eu des regrets de ne pas y aller tant les 216 objets présentés, tapis de valeur, manuscrits, dessins, céramiques, pierres, bijoux, etc sont de toute beauté.
Quatre siècles d'histoire présentés à travers la splendeur d'un art de cour qui s'est développé et épanoui dans les trois grands empires du monde musulman : l'Empire Ottoman, l'Empire Moghol (ou baburide) et l'Iran Safavide. Les oeuvres choisies illustrent quatre grands thèmes : le monde iranien et ses influences stylistiques, les relations entre les trois empires et la Chine, le style spécifique développé par chaque empire, les relations avec l'Europe.
Je vous propose de découvrir ensemble une toute petite partie de ces superbes pièces.
Chope ottomane datant d'environ 1480-1510 - base de bois recouverte de cuir, décoration en repoussé, nacre, bois verni et peint
Assiette aux paons - faïence d'Iznik datée de 1550 environ - la décoration de ce plat est typique du style de Kara Memi, un artiste de la cour ottomane du milieu du XVIème siècle
Dessus de lit ou rideau brodé à la main du XVIIème siècle - empire ottoman - Tissu de lin et de coton brodé de fil de soie
Coupe ottomane en jade datant du milieu du XVIème siècle - support de jade recouvert de rubis et de peinture d'or - objet caractéristique de l'orfèvrerie ottomane
A gauche, carafe en faïence d'Iznik de 1575-1580 - à droite plat avec couvercle en faïence d'Iznik de 1585
Manche de poignard en jade du XVII ou XVIIIème siècle - empire baburide indien
Tiroir en bois incrusté de tek, d'ébène et d'ivoire - seconde moitié du XVIIème siècle - empire baburide Nord-Ouest de l'Inde
Carafe en zinc couvert d'argent - second quart du XVIIIème siècle - empire baburide
Boîte en ivoire avec charnières originales en argent - fin du XVII ou début du XVIIIème siècle - empire baburide
Jeune homme jouant du zurna - empire iranien safavide - fin du XVIIème ou première moitié du XVIIIème siècle - peinture sur émaux
Aiguière pour hamman - Début du XVIIème siècle - empire iranien safavide ou baburide - support fonte avec ciselures en pâte de terre
Et pour terminer, un petit clin d'oeil ! Qui oserait dire qu'en Turquie les enfants même en bas âge, ne se cultivent pas ???