16 Décembre 2024
Article publié le 14 décembre 2024 sur le blog du site "Made in ailleurs" de Patrice Sabater
Pour lire la version turque, cliquez 21 Yıllık Hayata Türkiye'nin Evrimi.
21 ans de vie en Turquie m'ont donné l'occasion de voir comment évolue ce pays à tous points de vue ainsi que sa société.
Dans de nombreux domaines, il y a eu des avancées importantes :
Le transport :
Que ce soit à Istanbul ou Izmir, les transports en commun se sont développés et des chantiers de taille continuent encore. À Istanbul, tramway, métro sur les deux rives, le Marmaray qui relie les deux continents en passant sous le Bosphore, le funiculaire de Kabataş font partie de ces transformations de taille.
Le TGV turc en gare d'Eskişehir
À Izmir, le tramway est apparu sur les deux côtés du golfe et les lignes de métro se sont considérablement allongées, on attend avec impatience celle qui va relier le centre à Buca qui en a bien besoin.
Dans le reste du pays aussi, sur les 59 existants aujourd’hui, de nombreux aéroports ont été créés aux quatre coins du pays (Sabiha Gökçen à Istanbul en 2009, Şanlıurfa en 2007, Batman en 2010, Ordu en 2015, İstanbul airport en 2018), le TGV turc dessert plusieurs villes du pays (Eskişehir, Konya, Ankara), de nouvelles lignes de trains ont été ouvertes, de nouvelles autoroutes ainsi que des ponts et des tunnels qui font gagner un temps de transport important ont vu le jour.
La santé :
De nombreux hôpitaux publics ont été créés ces dernières années et le nombre d’établissements de santé privés est, je dois dire, assez vertigineux. En 2003, à mon arrivée, il n’y avait pas d’accord entre la Sécurité Sociale turque et les hôpitaux privés, à présent nombreux d’entre eux sont conventionnés et permettent ainsi un accès plus important aux soins pris partiellement en charge par l’Etat.
L’enseignement :
Là aussi, la multiplication des universités, notamment privées, est de taille. Le public n’est pas forcément en reste, je pense notamment à l’université-pilote Bakırçay située près d’Izmir et visitée récemment qui est particulièrement intéressante quant aux innombrables possibilités offertes auprès des 8000 jeunes qui ont la chance d’y être.
L'université publique pilote Bakırçay à Seyrek près d'Izmir
Comme malheureusement dans la majorité des pays dits développés, le capitalisme s'installde plus en plus ici aussi avec son lot d’effets négatifs :
Le tourisme :
2010, Istanbul capitale culturelle européenne a été un tournant pour la ville, offrant une ouverture et une communication au monde du pays tout entier.
Plus tard, le mouvement protestataire de Gezi et bien plus encore le terrorisme qui a sévi, notamment à Istanbul, en 2015, 2016 et au début de 2017 ont fait beaucoup de mal à ce secteur et au pays tout entier, sans parler bien sûr de la Covid 19… qui, de toute manière, a affecté la planète entière.
Depuis, le tourisme est à nouveau en progression mais n’est plus le même. Les groupes européens sont bien moins présents tout comme le tourisme individuel venu d’Europe. Les visiteurs asiatiques et des pays du Proche et du Moyen-Orient sont maintenant plus nombreux.
Les croisiéristes sont revenus en masse, notamment cette année à Izmir, mais il semblerait que la donne va de nouveau changer en 2025 pour la 3ème plus importante ville de Turquie… La ville portuaire ne devrait plus figurer sur la liste des arrêts prévus...
Les minorités :
2023 a vu l’ouverture de la 1ere église construite durant la République, en l’occurrence l’église syriaque de Yeşilköy.
Dans l'église syriaque Saint Ephrem à Istanbul, 1ère église construite durant la République Turque (photo internet)
La reconnaissance de la langue et de la culture kurde en 2009 ou encore les commémorations sur les événements concernant les arméniens en 1915 n’avaient jamais été autorisées avant 2010…
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Si indiscutablement une partie d’Istanbul a perdu, selon moi, beaucoup de son âme en 21 ans, il reste encore de nombreux coins et recoins tant dans la mégalopole que dans le reste du pays qui ont su préserver la richesse de leur patrimoine passé, je pense notamment à Bergame, Tire, Safranbolu pour ne citer que ces trois villes…
La magnifique ville anatolienne de Safranbolu, inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco
Bien entendu, on peut critiquer beaucoup de choses… et dans tous les domaines. Pour ma part, je préfère laisser ça à d’autres et plutôt découvrir et partager un maximum d’informations positives, et heureusement, il y en a…
À mes yeux, la plus grande richesse de la Turquie, ce sont ses habitants, leur chaleur, leur gentillesse, leur hospitalité, leur capacité à rebondir et à être solidaire... J’espère de tout cœur que les jeunes générations ne se laisseront pas aveugler et perdre par l’individualisme et l’appât du gain et du pouvoir…