Faire connaître la Turquie et ses habitants avec les yeux d'une alsacienne qui y vit depuis 20 ans.
20 Octobre 2009
La ville d'Afyon, perchée à 1021 m d'altitude, est le chef-lieu de la province d'Anatolie Occidentale du même nom. Durant sa longue histoire qui débute environ 3000 ans avant notre ère et qui a vu passer Hittites, Phrygiens, Grecs et Romains, entre autres, elle a connu plusieurs dénominations.
En 740, sous le règne de l'empereur byzantin Léon III, l'ancienne Acroënus devient Nicopolis, qui signifie en grec "cité de la Victoire".
Les seldjoukides lui donnent ensuite le nom de Kara Hisar, "la Forteresse Noire", ce symbole de la ville culminant à 226 m et où l'on accède par un escalier de quelque 700 marches...
Un premier château est érigé là vers 1350 av. J-C. par un roi hittite, puis modifié et réaménagé au gré des conquêtes successives.
Afyon signifie en turc "opium" en raison des haşhaşlı çiçekleri, les fleurs de pavots qui fleurissent abondamment dans les champs autour de la ville à la mi-juin.
Afyonkarahisar, "la forteresse noire de l'opium", est aujourd'hui plus communément appelée Afyon, même si de nombreux établissements s'y réfèrent en affichant le nom complet.
Portail du Lycée Technique des Métiers de l'Industrie à Afyonkarahisar
J'ai découvert Afyon un dimanche matin du mois d'août, cet été. La ville était encore endormie, paisible. C'est un de mes moments préférés pour partir à la découverte d'un lieu.
Quelques anciennes demeures apparaissent çà et là, au détour de certaines ruelles.
Mes pas me portent vers l'İmaret Cami, la plus importante mosquée de la cité, construite entre 1472 et 1477 pour Gedik Ahmet Paşa, grand vizir de Fatih Sultan Mehmet.
İmaret camii - Afyon
Elle reflète à la fois l'architecture seldjoukide, notamment par son minaret cannelé et orné de carreaux de faïence bleue, et ottomane avec les dômes de différentes tailles.
L'avantage de se promener de bonne heure se transforme parfois en inconvénient. A cette heure matinale, la mosquée est encore fermée et je ne peux admirer que quelques détails extérieurs dont la décoration de la porte qui reste désespérément close.
İmaret cami fait partie d'un complexe comprenant notamment l'imaret proprement dit, c'est-à-dire l'hospice, la medrese et un hamam mixte toujours en activité.
İmaret hamamı, à côté de la mosquée du même nom
Pour trouver l'entrée de celui-ci, il suffit d'emprunter le petit chemin longeant l'édifice... et les rangées de serviettes séchant au soleil.
Je ne peux que photographier l'entrée donnant sur les différentes cabines où l'on change de tenue avant d'affronter bassin, plaque de marbre et la température ambiante des lieux.
Dans l'entrée du hamam
Derrière la mosquée, le lourd portail en fer forgé de la medrese est également clos.
Cette ancienne école coranique, transformée en musée des oeuvres islamiques en 1928 avant de devenir le siège du musée archéologique jusqu'en 1996, semble aujourd'hui avoir perdue son âme.
La medrese d'İmaret Camii à Afyon
Je poursuis ma balade en m'enfonçant de plus en plus dans la vieille ville. Des bâtisses d'un âge certain et au charme suranné se font de plus en plus nombreuses.
Dans les rues d'Afyon
Un marché couvert construit en 1914, porte encore en façade quelques marques de l'Empire ottoman durant lequel il a vu le jour.
La vieille ville d'Afyon est située aux pieds du rocher abritant la forteresse. Se promener sans but précis tant dans les voies principales que les ruelles pentues est un réel plaisir.
De nombreuses maisons ottomanes en bois ont déjà fait l'objet d'une restauration réussie et d'autres attendent leur tour...
Ces bâtisses de caractère possèdent une architecture pleine de charme. Une fois remises à neuf, leur esthétique n'a rien à envier à celle des belles demeures visibles à Safranbolu ou Amasya, plus connues des touristes.
Maisons traditionnelles dans la vieille ville d'Afyon
Demain, nous continuerons la découverte d'Afyon et notamment de deux sites particulièrement intéressants blottis au coeur de la vieille ville.